Nous sommes confrontés aujourd'hui à  un éventail très large de configurations familiales alors que les pionniers de la thérapie familiale s'attachaient au modèle de la famille nucléaire traditionnelle. Nous allons en présenter quelques-unes dans ce numéro des Cahiers. Il nous paraît utile de revoir préalablement quelques définitions de la famille proposées par différents spécialistes en sciences humaines (psychologie, sociologie, droit familial) avant d'entrer dans le vif du sujet.

Ainsi, pour Yvonne Castellan (1982), la famille est " une réunion d'individus :

  • unis par les liens du sang ;
  • vivant sous le même toit ou dans un même ensemble d'habitations ;
  • dans une communauté de service. (cuisine, administration des provisions, unité économique).

De son côté, Claude Lévi-Strauss (1986) précise que " la réalité de la famille tient avant tout à  sa continuité dans le temps : les parents procréent des enfants ; devenus adultes, ceux-ci feront de même. Considérée comme institution, la famille traduit cette fidélité linéaire qui soude les générations. Source, pour chaque individu, de ses émotions les plus anciennes et les plus profondes, lieu où se forme son être physique et sa personnalité morale, la famille unit par l'amour, l'intérêt et le devoir, des suites plus ou moins longues d'ascendants et descendants. "4Pour Roussel (1989), lorsque la vie de l'individu était précaire, la famille était, en principe immortelle. Elle offrait un temps social où s'inscrire. Avec la modernité, la société fondée sur le respect d'un passé immémorial s'est vue remplacée par une société qui se définissait comme un projet commun. L'individu s'imaginerait, selon cet auteur, que le meilleur de lui-même se situe dans l'avenir. Il y aurait donc là  deux conceptions différentes du temps, puisque l'une se propose de répéter le passé, tandis que l'autre privilégie l'avenir. Toutes deux ont pourtant ce trait commun de ne guère valoriser le présent, qui n'est dans ces représentations qu'un lieu de passage instable et insignifiant. Les générations actuelles rejetteraient le passé et ne croiraient guère à  l'avenir. Dans cette période d'incertitudes, elles sont incapables d'imaginer seulement un avenir qui vaille la peine de renoncer aux gratifications actuelles. On mise sur une suite de présents agréables. Les échanges entre conjoints, entre parents et enfants sont ainsi jaugés en fonction des satisfactions immédiates qu'ils apportent. Or, le mariage et la famille sont demandeurs de temps. Selon Roussel encore, pour qu'il y ait mariage, il paraît indispensable qu'il y ait la promesse initiale d'un certain crédit de temps.

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Paru dans Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux 2011/2 (n° 47), pages 5 à  17