C'est dans une rue paisible plantée d'arbres de Prenzlauer Berg, l'un des quartiers branchés de Berlin qui affiche un des plus hauts taux de natalité de la capitale allemande, que le " Papaladen " a ouvert ses portes en 2007. En entrant, on se croirait presque dans un des nombreux " Kinderladen " que compte la ville, ces garderies associatives où les enfants dont les parents travaillent sont accueillis avant leur entrée à  l'école à  l'âge de six ans. Des jouets débordent des caisses qui garnissent une étagère, des dragons en peluche sont disposés sur l'immense canapé qui habille un coin de la pièce. Mais une fois faites les présentations avec les deux papas du lieu, le regard s'attarde sur les capsules de bouteille de bière qui ornent les tables basses, le babyfoot à  l'entrée, les ballons de basket peints sur les murs. Autant de symboles de masculinité dont on devine qu'ils sont là  pour rassurer les 500 pères en situation de séparation qui viennent chaque année chercher conseil auprès d'Eberhard Schà¤fer et de Marc Schulte.

Le premier est conseiller, marié et père d'un enfant, le second est travailleur social, père de trois enfants de deux mères différentes. Marc Schulte présente le Và¤terzentrum Berlin et sa vitrine qu'est le Papaladen comme un " laboratoire de la paternité ". Tous les jeudis matin, le lieu se transforme en " Papacafé " : les pères y viennent pour s'y rencontrer et échanger tandis que les bambins crapahutent sur les tapis de jeux. L'association, subventionnée par le Land de Berlin, organise également des sorties " Vater-Kind " (père-enfant) le week-end ainsi que des séjours thématiques, comme dans un village " indien " où l'on peut dormir dans des tipis ou dans un camp où les enfants apprennent les arts du cirque.

Marc Schulte estime que " l'image sociétale du père a énormément changé en Allemagne depuis quelques années ". Celui-ci était souvent défini de manière négative comme " celui qui n'est pas là , qui ne paie pas la pension, qui est potentiellement un agresseur... ". Les pères ont désormais une conception très claire de leur parentalité, explique Eberhard Schà¤fer : " Les pères d'aujourd'hui disent très clairement vouloir passer du temps avec leur enfant, être proches d'eux, les voir tous les jours, et pas uniquement jouer avec eux mais les accompagner dans la vie de manière active ". Un souhait souvent difficile à  concrétiser en cas de conflit avec la mère, qui reste privilégiée par le droit allemand de la famille. En plus de son offre de conseil, le Và¤terzentrum met à  la disposition des pères un guide (1) regroupant de nombreux conseils juridiques en cas de conflit avec la mère autour du droit de garde et du droit de visite.


Plus d'infos sur http://vaeterzentrum-berlin.de

(1) Stark und verantwortlich. Ein Ratgeber fà¼r Và¤ter nach Trennungen.


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Illustrations : Râ

Article paru dans Filiatio #21 - novembre/décembre 2015