Un livre d'Alexandra Coenraets ed. Chloé des Lys, 2013


Pour se découvrir et se retrouver !

Comme un état-civil...

À contre-courant de l'air du temps et de sa propension aux témoignages de tous poils - très plébiscités par les éditeurs... - Alexandra Coenraets se réapproprie son histoire au travers d'un roman. Si cela peut sembler paradoxal de prime abord, intrinsèquement créative, Alexandra mêle part vécue et part fictive et les amène à  se féconder mutuellement. De ce métissage naît un livre qui est aussi et avant tout l'objet qui la met au monde en attestant comment et avec quoi elle se transforme en ce qu'elle est. Un livre non seulement comme une déclaration d'être mais également comme un acte s'opposant aux " prières de non-recevoir " d'une société qui ferme trop souvent les yeux quand il faudrait les ouvrir. Un livre avec lequel, en outre, Alexandra réitère qu'elle milite pour l'imprescriptibilité des crimes d'inceste.

Émerger corps et texte

Terrain sans cesse fertilisé grâce à  son effort et à  son enthousiasme, ce livre est aussi le lieu au travers duquel Alexandra opère ce double mouvement qui consiste à  être soi et à  le devenir davantage. Très concrètement, au fil de sa plongée romanesque dans l'écriture et en parallèle d'un processus thérapeutique plus " conventionnel ", se livrent entre son texte et son corps de réciproques et subtils " travaux d'approche ". À l'instar de l'héroïne de son roman, couche après couche, Alexandra reprend contact avec ce corps qui se désanesthésie et lui délivre quelques-uns de ses secrets.

La vie renouvelée

À l'issue de ce travail - et Alexandra déjà  parachève le suivant - il serait incorrect d'avancer qu'elle a tiré un trait. Ou alors, il s'agit d'un trait d'union puisque l'Alexandra d'aujourd'hui est une femme en pleine réunification. Parente d'elle-même et fille de son avenir, elle pose sur le présent des yeux qui l'élargissent et un sourire qui a l'air de lui faire confiance.


Lire la suite du dossier préparé par Sabine Panet et David Besschops : L'inceste


Dossier paru dans Filiatio n°11 - septembre / octobre 2013