En dépit des mouvements de dénonciation de type #Meetoo ou #BalanceTonPorc et des innombrables organisations luttant pour une égalité de genres dans le respect de leurs différences, les violences perpétrées contre l'humain en général et, plus spécifiquement contre les femmes, demeurent banalisées, peu reconnues et pas considérées en tant que péril humanitaire majeur. Ces violences aujourd'hui encore tuent en silence sans que les mécanismes de domination et d'annihilation de l'autre, à l'oeuvre à plus d'un titre dans nos sociétés, ne soient identifiés et combattus.
Pour ne citer qu'un exemple, au mois d'août dernier, à Mexico D.F., des milliers de femmes ont manifesté durant plusieurs jours pour dénoncer le viol par quatre policiers, à bord d'une voiture de patrouille, d'une jeune fille de 17 ans dans un quartier du nord de la capitale mexicaine. De fait, les violences à l'encontre des femmes dans ce pays ont augmenté ces dernières années. Selon les Nations unies, neuf femmes sont en moyenne tuées chaque jour au Mexique. 40% des mexicaines sondées ont confié avoir déjà été victimes de violences sexuelles au cours de leur vie.
Dans l'affaire dont nous parlons ici, six policiers ont été suspendus mais aucune arrestation n'a été effectuée, le parquet évoquant des incohérences dans le récit de la jeune femme. Pour si ça ne suffisait pas, en réponse à leur marche sous le slogan "Ils ne me protègent pas, ils me violent", ces milliers de femmes n'ont reçu que le désaveu de Claudia Sheinbaum, la mairesse de Mexico qui, arguant du fait que certaines manifestantes ont mis le feu à un des bureaux de la police, s'est focalisé sur cet acte qualifié de provocateur, pour discréditer l'ensemble du mouvement. En ajoutant, notamment, que " la violence ne se combat pas par la violence ". Elle a ensuite lancé " un appel à ceux qui luttent légitimement pour la défense des droits de l'homme afin de contribuer à créer un climat de paix. "
À côté de ces paroles politiciennes, de nombreuses observatrices s'inquiètent que des jeunes femmes ne puissent pas aller à l'école ou tout bonnement se déplacer dans l'espace public parce qu'elles risquent d'être violées précisément par ceux qui sont censés les protéger.
Depuis le mois d'août, une kyrielle d'assassinats de femmes, tous continents confondus, nous à tel point submergé que nous avons quasiment eu l'occasion d'oublier la complexité et l'immobilisme institutionnel qui rend invivable la situation des femmes du Mexique.
Quasiment...
Pour aller plus loin :
Article paru dans Filiatio #35 -9-10-11/2019