Tout le monde n'a peut-être pas eu l'occasion de voir ce film égyptien intitulé " Les Femmes du bus 678 ", dans lequel un groupe de femmes prend la décision de se défendre (et de contrattaquer) des hommes qui harcèlent sexuellement, de façon directe ou plus insidieuse, les usagères des transports en commun. Un film qui répondait à  un mal ancré comme une tradition immuable en Égypte où un rapport de l'ONU de 2013 attestait que 99 % des Égyptiennes avaient été victimes de harcèlement sexuel. Depuis lors, le gouvernement égyptien a adopté une législation punissant ce type d'agression (1). Ailleurs dans le monde, en réponse à  ce harcèlement, certaines femmes n'ont d'autre choix que de recourir à  des solutions de transport individuels, tel le vélo ou autres moyens de locomotion permettant de maintenir une distance de sécurité entre les corps. Dans certaines villes à  forte densité démographique comme Kuala Lumpur, Delhi, Bogotà¡, Le Caire, Djakarta, Mexico D.F. ou Manille, des sections " Femmes " ont été mises en place dans le métro, les autobus ou les trains. D'après les sondages effectués auprès des bénéficiaires de ce système, 70 % d'entre elles se sentiraient plus en sécurité dans ces aires restreintes que dans les zones mixtes. Bien entendu, il s'agit ici d'une forme de " ségrégation positive " qui ne représente qu'une solution à  court terme. Restant dans cette logique, le gouvernement de la capitale du Mexique n'a pas trouvé plus judicieux que de mettre sur pied, à  l'usage exclusif des femmes, un service de... TAXIS ROSES !!! Comme quoi, avec beaucoup de volonté (serait-ce ladite " meilleure " ?), on peut déforcer les moyens que l'on se donne pour juguler un fléau et par là -même renforcer certains stéréotypes sur lesquels s'appuient les harceleurs pour justifier leurs comportements...

David Besschops

(1) Cette législation inclut des sanctions pouvant aller jusqu'à  la prison ferme.

Article paru dans Filiatio #20 - septembre/octobre 2015, abonnez-vous ou téléchargez gratuitement ce numéro.