Le 5/9, un " filet de sécurité " ?
Entre la semaine sur deux, qui ne convient pas forcément à tous les parents, et le week-end sur deux, qui est le système majoritaire, ne pourrait-on pas imaginer des alternatives ? Pourquoi cette question, peut-on se demander, si tout le monde est content des habitudes actuelles ? Tout d'abord, d'après le sondage que nous avons réalisé en 2012 1, sept belges sur dix pensent que la mise en place d'un hébergement égalitaire est le meilleur choix, dès six ans. Pourtant, l'étude de la Ligue Bruxelloise Francophone pour la Santé Mentale, révélée dans notre dernier numéro 2, montre que la formule majoritaire pour laquelle optent les parents est celle du week-end sur deux, dans laquelle l'un des parents, le plus souvent la mère, a la résidence principale, et dans laquelle l'autre parent, le plus souvent le père, reçoit ses enfants un week-end sur deux (parfois le mercredi également, et la moitié des vacances scolaires). Un choix très éloigné de l'hébergement égalitaire, pour différentes raisons qui tiennent sans doute à la fois aux questions pratiques, au poids des normes sociales et à l'enjeu conjugal que représente l'hébergement des enfants après la séparation.
Un week-end sur deux, disent de plus en plus de spécialistes de l'enfance, c'est peu pour que le parent concerné joue un vrai rôle éducatif de parent. En plus de l'hébergement égalitaire, il existe des formules " filet de sécurité " pour la relation parent-enfant : il s'agit par exemple du " 4/10 " (4 jours chez un parent, 10 jours chez l'autre avec un jour d'école) et du " 5/9 " (9 jours chez un parent, 5 jours chez l'autre, avec deux jours d'école). Ces formules sont peu connues des parents et des professionnels : elles sont choisies par 7,6% des parents et établies dans 6,4% des décisions de justice, ainsi que le montre l'étude de la Ligue Francophone pour la Santé Mentale.
D'une part, hébergement égalitaire ne rime pas forcément avec une semaine sur deux. Prenons les jeunes enfants, dont le temps est très différent du nôtre : " il est vrai que l'enfant est d'abord dans la sécurité avec sa mère ", explique Philippe Béague, psychologue, psychanalyste et président de l'association Françoise Dolto, " mais passée cette période, on peut très tôt mettre en place un hébergement égalitaire de courte durée, 2 jours/2jours, par exemple, si l'enfant " connaît " son père et se sent en confiance et en sécurité avec lui. "
Par ailleurs, la question de l'évolution des jugements devrait être également posée : les besoins de l'enfant évoluant année après année, il devrait être possible de faire évoluer son hébergement chez ses parents de manière la plus adaptée possible. Nous avons demandé à plusieurs spécialistes de nous aider à y voir clair, et nous avons, avec certains d'entre eux, rédigé un projet de lettre ouverte que nous vous soumettons dans ce dossier.
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Des spécialistes répondent à nos questions
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POUR ALLER PLUS LOIN
> Joan B. Kelly and Michael E. Lamb : “Using child development research to make appropriate custody and access decisions for young childrenâ€, in Family and conciliation courts review, Vol. 38 No. 3, July 2000, 297-311.
> Ces deux professeurs de psychologie nord-américains sont reconnus mondialement comme spécialistes du développement de l'enfant dans les familles " non traditionnelles " : séparations parentales, familles mono-parentales et homoparentales. Ils plaident en faveur d'une réflexion sur l'adaptation des modalités d'hébergement des enfants en relation avec leur âge, et ouvrent notamment des pistes pour des hébergements égalitaires plus souples que la " semaine sur deux ", qui ne répond pas aux besoins des enfants les plus jeunes. Dans le prochain numéro de Filiatio, nous vous présenterons plus en détails leurs travaux et les différentes propositions qu'ils émettent.
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Article paru dans Filiatio #10 - mai / juin 2013